Dans une récente analyse de la situation monétaire de la zone franc au cas le FCFA venait à subir une nouvelle dévaluation, l’agence de notation Standard & Poor’s, indique que malgré les opportunités dont regorgent les économies africaines, les risques dont celui de change y sont non négligeables. Mais pour l’instant rassure, Standard & Poor’s, aucun élément ne justifie la révision de la parité du FCFA. Car, malgré la pression sur les réserves de changes, les taux de couverture des émissions monétaires par avoirs extérieurs en % assurent à environ 56% dans la zone CEMAC et à 80% dans l’UEMOA. La situation est donc loin d’être comparable au contexte d’avant 1994 lors de la dernière dévaluation, indique l’agence de notation américaine.
Certains groupes très actifs sur le continent pourraient en pâtir de la dévaluation du FCFA
Cette situation pourrait être plus préjudiciable pour le cas des groupes marocains présent dans les banques, les télécoms et l’immobilier. Ils pourraient ainsi s’exposer sur ces marchés de la zone franc. Car, une dévaluation du Franc CFA pourrait avoir un impact en minorant les dividendes qui remontent aux maisons mères. Surtout que les intérêts marocains en Afrique sont surtout concentrés dans les zones Uémoa et Cémac. Bonne tenue des groupes bancaires marocains face à la difficile conjoncture économie actuelle Jusque-là, les groupes bancaires ont plutôt bien absorbé la conjoncture difficile en Afrique centrale après des tensions budgétaires liées à la baisse des prix des matières premières. Toutefois, le contexte est différent en fonction des zones économiques, rappelle Rémy Carasse, analyste crédit chez S&P Global Ratings : «Les pays de la CEMAC sont dépendants des recettes pétrolières et les termes de l’échange se sont détériorés entraînant une chute des réserves de changes».
Par contre, poursuit-il, «les économies sont un peu plus diversifiées dans la zone CFA en Afrique de l’Ouest et sont donc moins sensibles à la baisse des prix des matières premières». En outre, ajoute-t-il, «le contexte défavorable sur le marché des matières premières a affaibli les pays de la Cémac dont le PIB est aujourd’hui 30% inférieur à celui de la zone Uémoa».L’hypothèse d’une dévaluation du franc CFA reste encore très écartée, du moins pour l’instant par les analystes de Standard & Poor’s. Parmi les arguments avancés, les réserves de changes qui restent à des niveaux acceptables malgré les baisses des dernières années. Les avoirs extérieurs couvrent 56% des engagements monétaires des Etats d’Afrique centrale qui utilisent le Franc CFA. Il est même proche de 80% pour les pays de l’Uémoa.
En outre, ces taux sont nettement au-dessus du seuil minimal de 20% prévu dans le cadre de l’arrangement avec le Trésor français, ce qui n’était pas le cas avant la dévaluation de 1994. Par ailleurs, l’inflation reste modérée dans les deux zones avec une moyenne de 2,2% dans l’UEMOA et 3,1% dans la CEMAC. « Les accords entre le FMI et certains pays de la CEMAC pourraient éloigner le risque de dévaluation», soutient Carasse. Tout en excluant une dévaluation, l’agence de notation financière a établi un classement des pays qui y seraient le plus vulnérables au regard de leur situation économique. Selon S&P, le risque de dévaluation est plus élevé dans la Cémac que dans l’Uémoa. En outre, «contrairement à 1994, l’on pourrait théoriquement assister à une dévaluation dans une zone et pas dans l’autre», note Rémy Carasse.
Une manipulation du taux de change aura un impact lourd sur la dette puisque les principales économies des deux zones se sont fortement endettées en devises pour financer les plans de développement. Sur les quatorze pays en revue, le Congo Brazzaville et le Gabon où se concentrent beaucoup d’intérêts économiques marocains seraient les plus vulnérables à une dévaluation de la monnaie. Quant aux deux locomotives de l’Afrique de l’Ouest, le Sénégal figure assez haut sur l’échelle de vulnérabilité à la 5e place. La Côte d’Ivoire est classée 10e.